lundi 6 février 2012

Mes rêves sont plus grands que leurs jours

 
Cela résonne drôlement à mes oreilles... à moins que ce ne soit un acouphène!!!


Je sentais un sentiment diffus monter depuis quelques mois.
Sans arriver à mettre un nom dessus ni à l'exprimer vraiment.
Mid-life crisis ? Lassitude ? Ennui ? Voire déprime ?
Un sentiment de pas assez ou de trop ou de pas tout à fait ou de pas à ma place en tous cas.
Que j'attribuais à mon habituelle dépression hivernale.
Curieuse dépression qui au lieu de l'abattement habituel se traduisait par une espèce d'effervescence difficilement maîtrisable.
Et difficilement maîtrisée.
Samedi soir j'ai mis le doigt dessus.
Invitée par des "anciens" amis à festoyer pour célébrer un anniversaire de 50 ans.
Mon âge, ma génération, des gens qui normalement me ressemblent.
Normalement. Selon les critères en vigueur en tous cas.
Sauf que non.
Après le plaisir de revoir quelques personnes et les banalités d'usage, j'ai soudainement réalisé au milieu d'une atroce envie de fondre en larmes au milieu de gens qui visiblement s'amusaient beaucoup que je n'ai rien, mais vraiment plus rien à voir avec tout ceci.
Le pavillon en banlieue, la salle de bain refaite avec baignoire balnéo, la vie des enfants, leur scolarité, le voyage annuel en Asie, YMCA avec le gâteau d'anniversaire, la lumière qui s'éteint, les bougies ...
Ce style de vie, que j'ai adopté pendant plus de vingt ans d'ailleurs, sans déplaisir particulier, ni enthousiasme débordant, simplement, ce n'est pas le mien, ce n'est pas moi, ou ce n'est plus moi.
Ce constat est fait sans aucun mépris, bien au contraire. Ils réalisent leur rêves de baignoire balnéo et de voyage en Asie. Ils sont heureux, Plus que je ne pourrais jamais l'être. Probablement.
Mes rêves sont ailleurs, ils ne rentrent pas dans une baignoire.
Je veux rencontrer des gens hors normes, hors cadre, pousser mon corps jusqu'à ses limites, le malmener jusqu'à la rupture, tenter des choses que je n'ai encore jamais essayé, prendre un sac, partir, revenir, écrire, photographier, saouler ma rétine d'images, de beauté, de laideur, danser même mal, chanter atrocement, boire, tituber, me relever, souffrir, hurler, vibrer encore.
Encore un peu. Encore beaucoup. Encore trop.
J'ai potentiellement quelques bonnes années avant de rentrer dans un tunnel de vie moins drôle et de basculer dans le statut de vieille dame digne.
Je veux en profiter. Et pas en me faisant construire une maison au bord de la mer pour ma retraite.
Dont je me contrefous totalement.
Il parait que c'est un cheminement normal. Dans une formation on m'a expliqué la théorie de Jung, le psychiatre, qui veut qu'avec le temps, si on suit un cheminement normal, la lassitude de la zone de confort s'installe et qu'on s'aventure de plus en plus vers des zones de non-confort voire de mise en danger.
D'où la crise de milieu de vie.
Je ne sais pas exactement combien de temps elle va durer cette crise. Je sais simplement que je l'apprécie. Énormément.
J'ai l'impression de me débarrasser de vieux habits qui ne me vont plus pour m'offrir une robe à paillettes toute neuve.
Et de pouvoir continuer à rêver.
Même si je ne réalise pas tout, voire rien de ce qui se bouscule dans ma tête.
Mes rêves sont plus grands que leurs jours.
Définitivement.

Les Pensées de Manu via Marc Lafontan

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